Les effets du bruit sur le sommeil

Entendus par la mission d'information, les professeurs Damien Léger et Alain Muzet ont particulièrement insisté sur les dégâts sanitaires causés par la
perturbation du sommeil par le bruit.

 

Les perturbations du sommeil sont souvent présentées comme étant la plainte majeure des personnes exposées au bruit en complément de la gêne
exprimée ; elles concernent 15 à 20 % de la population.

 

La sensibilité et la fragilité du sommeil méritent qu'on leur accorde une attention particulière. Le sommeil et la veille sont les deux états physiologiques fondamentaux qui rythment notre vie quotidienne. Le sommeil occupe en moyenne un tiers de notre vie et il nous est nécessaire pour récupérer de l'épuisement momentané, tant de nos capacités
physiques que de nos capacités mentales.


Si le bruit entraîne des éveils nocturnes, le seuil de sensibilité varie en fonction du stade de sommeil dans lequel se trouve plongé le dormeur. Plus le sommeil est profond plus la sensibilité est faible mais, lorsque l'on est endormi depuis longtemps, la sensibilité augmente. Ce seuil dépend également des caractéristiques physiques du bruit et de sa signification.

 

Le nom du dormeur prononcé à voix basse ou un bruit d'alarme ont un pouvoir éveillant qu'un bruit neutre ne possède pas. Le bruit a comme autre propriété de pouvoir modifier la
structure intime du sommeil (mouvements corporels, changement de phase de sommeil). Les stimulations du monde extérieur continuent à être perçues par les organes et systèmes sensoriels de la personne endormie.

 

La chaîne acoustique fonctionnant parfaitement au cours du sommeil, même s'il n'y a pas de perception consciente par le dormeur, chaque son est traité par le système auditif puis par le cerveau qui traite ces informations jusqu'à entraîner des réponses partielles ou globales de l'organisme. L'organisme réagissant même au cours des phases de
sommeil, il y a une multiplication des épisodes cardio-vasculaires, et à terme, une usure prolongée et prématurée de l'organisme.

 

Cela est cause d'infarctus du myocarde, d'hypertension et autres pathologies vasculaires. À cet égard, la permanence du bruit, même peu perçue ou bien tolérée, est
(1) source de nombreux troubles. Dans l'ouvrage Le bruit , le professeur Alain Muzet donne l'exemple suivant :  « En bordure d'une voie rapide où le trafic
nocturne est de six véhicules en moyenne, on compte près de trois mille passages de véhicules pour une nuit de huit heures. En supposant que le quart seulement de
ces bruits entraîne un effet mesurable, cela constitue des centaines de réactions cardio-vasculaires dont on imagine aisément qu'elles représentent un coût non
négligeable pour un organisme censé être au repos ». Le bruit peut donc altérer profondément la qualité du sommeil et être à l'origine de problèmes de santé liés
au manque de ce sommeil ou d'accidents par irritabilité ou somnolence et de défaut de vigilance.
                                            
(1) Le bruit, Alain Muzet, collection Dominos, Flamarion éditeur, janvier 1999.