L’annonce que la vitesse sur le périphérique parisien serait bientôt limitée à 70 km/h contre 80 actuellement a laissé lundi élus et associations plutôt sceptiques sur l’efficacité de cette mesure destinée à «lutter contre la pollution, automobile et sonore».
La disposition, qui sera effective «avant la fin janvier» selon une source gouvernementale - le décret la mettant en oeuvre doit encore passer devant le Conseil d’Etat - a été annoncée après une alerte à la pollution aux particules d’une rare intensité pendant plusieurs jours en Ile-de-France.
Elle permettra de réduire la pollution atmosphérique aux heures où le périphérique est fluide, dit-on à l’Hôtel de ville, mais aussi «la pollution sonore» que subissent environ 100.000 riverains de part et d’autre de ce grand axe de 35 km autour de la capitale.
Actuellement, la vitesse maximale sur le périphérique parisien est de 80 km/h. Elle est limitée à 50km/h sur certains tronçons, ce qui ne changera pas.
Seul le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a salué prudemment la mesure, qu’il avait appelée de ses voeux. «Ca n’est pas le paradis mais c’est un progrès tout à fait substantiel», a-t-il réagi devant des journalistes en marge du Conseil de Paris.
Les écologistes parisiens, qui soutiennent la décision, veulent eux aller plus loin, souhaitant l’expérimentation de la limitation à 50 km/h la nuit, entre 22H00 et 6H00. Le candidat Europe Ecologie-Les Verts à la mairie de Paris, Christophe Najdovski, plaide aussi pour qu’une voie du périphérique soit réservée «pour des bus express, les taxis, le covoiturage et l’autopartage».
Dans les rangs de la droite, on dénonce au contraire un «effet d’annonce avant les élections». «Il faudrait déjà pouvoir circuler à 70 km/h sur le périphérique où la vitesse moyenne est de 37 km/h», a déclaré à l’AFP le président du groupe UMP au Conseil de Paris, Jean-François Legaret.
Un décibel en moins
«Si on veut moins de bruit, ce n’est pas comme ça qu’on y arrive, mais en couvrant ou en faisant des murs anti-bruit», a dit de son côté la vice-présidente du groupe, Laurence Douvin.
Un avis partagé par l’association 40 millions d’automobilistes pour qui la mesure n’entraînerait qu’un changement «imperceptible» au niveau sonore, de l’ordre d’un décibel. «En revanche, investir dans les infrastructures routières telles que les enrobés de nouvelle génération permettrait d’abaisser cette fois-ci de 9 décibels la perception sonore», affirme-t-elle dans un communiqué.
Pourquoi ne pas rouler désormais à 10 km/h? a ironisé pour sa part Wallerand de Saint-Just, candidat du Front National à la mairie de Paris. Cette mesure, décidée selon lui par «des politiciens-fonctionnaires du ministère ou de la mairie qui ne conduisent jamais» n’a qu’une seule justification : «encore plus de PV avec les radars automatiques», dit-il dans un communiqué.
«Il n’y aura pas de répercussion majeure sur l’accidentalité», a dit à l’AFP Chantal Perrichon, porte-parole de la Ligue contre la violence routière. «Avec la mise en place des radars, on est passé de 15 morts à deux ou trois tués par an», dit-elle, assurant que «le périphérique est maintenant une voie sûre».
En revanche, avec un passage de 80 à 70km/h de la vitesse autorisée, l’impact pourrait être réel sur la pollution atmosphérique, avec une réduction des émissions de polluant.
Pour un véhicule léger, «l’ordre de grandeur est difficile à mesurer, mais il est dans une fourchette de 5 et 10%», estimait récemment Gilles Aymoz, chef du Service Evaluation de la Qualité de l’Air à l’Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie (Ademe). Un aspect non négligeable, alors que l’Ile-de-France connaissait la semaine dernière le niveau d’alerte le plus élevé de pollution aux particules, favorisé par un temps froid, sec et sans vent.