Communiqué OMS/57 31 juillet 1998 LES TROIS FLÉAUX DE LA CIRCULATION ROUTIÈRE: LES ACCIDENTS, LA POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE ET LE BRUIT

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31 juillet 1998

 

LES TROIS FLÉAUX DE LA CIRCULATION ROUTIÈRE: LES ACCIDENTS, LA POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE ET LE BRUIT

 Des spécialistes scientifiques participant au Forum européen des transports, de l'environnement et de la santé organisé conjointement à Vienne par le Bureau régional de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l'Europe et le Ministère autrichien de l'Environnement ont reconnu que les gaz d'échappement des moteurs diesel contiennent plusieurs substances cancérogènes et potentiellement cancérogènes et contribuent à aggraver le problème du cancer du poumon. On a récemment mis en évidence un nouveau groupe de composés fortement mutagènes présents dans les gaz d'échappement des moteurs diesel et les particules aéroportées, les nitrobenzanthrones, qui jouent probablement un rôle déterminant. Il apparaît également de plus en plus qu'un lien existe entre le cancer chez l'enfant et les gaz d'échappement des véhicules à moteur, peut-être en raison de l'exposition au benzène.

La réunion de Vienne a pour but de préparer la conférence ministérielle sur l'environnement et la santé prévue à Londres en juin 1999, à laquelle les ministres européens de l'environnement et de la santé examineront et adopteront la Charte européenne sur les transports, l'environnement et la santé.

En attendant, un représentant de l'Union européenne a qualifié à Vienne l'impact des transports sur l'environnement et la santé de "préoccupation politique majeure dans toute l'Europe". "Dans l'Union européenne", a déclaré le Dr Robert Coleman, Directeur général de la Division des Transports de la Commission européenne, "nous tolérons encore un bilan de 123 morts par jour, ce qui fait à peine un peu moins de 45 000 par an". Dans l'Union européenne, on estime à jusqu'à 260 milliards d'écus la facture totale des effets néfastes sur l'environnement et la santé des transports, y compris les encombrements.Communiqué OMS/57
31 juillet 1998

En 1995, selon les statistiques de l'OMS, on a compté dans l'ensemble la Région européenne 2 millions d'accidents de la circulation qui ont fait 120 000 morts et 2,5 millions de blessés. Un décès sur trois à la suite d'un accident de la route touche un jeune de moins de 25 ans et les piétons et les cyclistes paient un tribut particulièrement lourd; au Royaume-Uni, 45% des tués sont des piétons ou des cyclistes et la proportion dépasse même 50 % en Hongrie, alors qu'elle est sensiblement plus faible dans la plupart des pays d'Europe occidentale (17 % en France, 20 % en Allemagne et 30 % environ au Danemark et aux Pays-Bas). Parmi les utilisateurs de véhicules à moteur, ce sont les motocyclistes qui constituent le groupe à plus haut risque. En effet, le risque d'être tué et blessé à moto est respectivement dix fois et six fois plus important qu'en voiture.

L'abaissement de la vitesse maximale, la présence d'agents de la circulation sur les routes, l'utilisation du casque et de la ceinture de sécurité sont des mesures de protection simples qui ont fait leurs preuves mais, pour réduire encore le nombre des accidents, il faudra prendre d'autres mesures, par exemple augmenter le rôle des transports publics et créer des zones piétonnes.

"La réduction de la pollution atmosphérique est un domaine d'action privilégié en Autriche et dans l'ensemble de l'Union européenne", a souligné le Dr Martin Bartenstein, Ministre autrichien de l'Environnement. "Parmi les principaux points du programme de la Commission européenne concernant les carburants de véhicules à moteur figurent la diminution de la teneur de l'essence en benzène. Celle-ci ne devra pas dépasser 1% en l'an 2000, la teneur en soufre devant être ramenée quant à elle à 50 ppm (parties par million) d'ici 2005". Dans son intervention, le Dr Bartenstein a également évoqué les besoins particuliers des groupes les plus vulnérables, notamment les enfants, les personnes âgées et les handicapés, de même que la nécessité de protéger les milieux fragiles. Pendant la présidence autrichienne de l'Union européenne, a-t-il ajouté, " nous nous efforçons de faire aboutir les négociations en vue d'une réduction sensible des émissions des véhicules lourds et des émissions de CO2 dus aux voitures de tourisme."

Evoquant le problème de la pollution atmosphérique, le Dr Gerd Oberfeld de l'Association médicale autrichienne a relevé que, "chaque jour, la santé de millions d'enfants et d'adultes en Europe est compromise par les moteurs à explosion. Les cas de toux, d'asthme et de bronchite aiguë ou chronique sont en augmentation, de même que les problèmes cardiaques et circulatoires. On soupçonne aussi les gaz d'échappement des moteurs diesel d'être à l'origine de la progression des rhinites allergiques et du cancer du poumon".

Selon les dernières estimations fournies par le Bureau OMS de l'Europe, 80 000 décès environ sont imputables chaque année en Europe à une exposition à long terme à la pollution atmosphérique liée à la circulation. Les recherches semblent indiquer qu'outre les routiers professionnels et le personnel chargé de l'entretien du réseau, les personnes âgées et les jeunes enfants sont les plus exposés. Les recherches sur les variations quotidiennes de la pollution urbaine et les maladies respiratoires et le nombre des hospitalisations qui en résulte permettent de faire les constatations les plus significatives dans le cas des jeunes et des personnes âgées.

Les coûts de la santé imputables à la pollution atmosphérique que provoque la circulation routière sont très importants, atteignant par exemple en Suisse 1,6 milliard de francs suisses en 1993. Les estimations étaient limitées à un certain nombre d'indicateurs de santé, notamment les décès prématurés, l'hospitalisation à la suite d'une maladie respiratoire ou cardio-vasculaire et les effets sur les bronchitiques chroniques et les asthmatiques. La perte de production, le traitement médical et les coûts administratifs ont également été pris en compte.

Le bruit occasionné par la circulation routière est apparu ces dernières années comme un polluant omniprésent, mais souvent sous-estimé dans la vie quotidienne. En Europe, la proportion de la population exposée à des niveaux supérieurs à 65 dB (A) est passée de 15 % dans les années 80 à 26 % au début des années 90. A titre de comparaison, pour qu'on puisse comprendre relativement bien une personne qui parle normalement, le bruit ne devrait pas dépasser 55 dB (A). Le bruit ambiant affecte la santé et le bien-être physique, mental et social. Il est amplement démontré que des niveaux de bruit élevés entravent la communication, perturbent le sommeil, diminuent la capacité d'assimilation et les résultats scolaires, entraînent une modification de la tension, aggravent les cardiopathies ischémiques et accroissent les hormones liées au stress ainsi que l'utilisation des substances psychotropes et des médicaments.

"Une redéfinition de nos politiques des transports en milieu urbain pourrait avoir des résultats spectaculaires pour la santé en Europe", a déclaré le Dr Carlos Dora, épidémiologiste de l'environnement au Bureau régional OMS de l'Europe. "Paradoxalement, la mobilité en voiture dans les villes accroît la sédentarité du mode de vie. Une activité physique accrue, notamment la marche et la bicyclette, réduira le nombre de décès et d'incapacités par maladie chronique et améliorera la qualité de la vie." Ces moyens de transport fondamentaux permettent de réduire de moitié le risque de cardiopathie coronarienne et diminuent aussi le risque de diabète, d'hypertension, d'ostéoporose, d'obésité et de cancer du colon. La liste s'étend d'ailleurs à la plupart des maladies chroniques prévalentes dans la population européenne. Les possibilités d'améliorer la santé et le bien-être des Européens par un accroissement de l'activité physique sont énormes.


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